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sami bouajila - Page 2

  • La sainte Victoire de François Favrat ***

    La Sainte VictoireLa Sainte Victoire

    Le rêve de Xavier, gosse d'une banlieue du sud de la France, est de devenir "quelqu'un", d'avoir de l'argent et une Rollex (bien avant 50 ans). Malgré ses modestes origines il parvient à devenir architecte et son rêve ultime de réussite est d'obtenir un marché public. Il est persuadé que sa rencontre avec Vincent Cluzel, candidat outsider à la mairie de la ville, vertueux et humain sera le dernier tremplin qui le mènera au sommet. Il devient très proche de cet homme avec qui il devient ami, et finance entièrement la campagne du candidat. Il parvient à mettre en lumière une sombre histoire de magouille qui disqualifie définitivement l'adversaire. Après l'élection remportée, Xavier est persuadé que Vincent va l'aider par recommandation à lui faire obtenir le fameux marché dont il rêve. Mais Vincent est réellement un homme politique honnête qui n'usera pas de son pouvoir pour favoriser ses proches.

    Voilà encore une bien belle surprise en cette bien belle semaine cinématographique ! Un film politique dépourvu de manichéisme où les gentils ne sont pas complètement blancs et les méchants complètement noirs. On découvre (et c'est rare au cinéma) que des hommes et des femmes peuvent s'engager parce qu'ils ont des convictions et un désir réel de vouloir changer les choses ou au moins les faire bouger. On voit des hommes et des femmes francs et honnêtes mais pas naïfs et confrontés à des décisions, des choix. Pour parvenir à un résultat, il faut souvent négocier et consentir quelques compromissions sans pour autant renier ses principes et ses amitiés.

    Tout s'enchaîne parfaitement dans ce film multiple, même si après l'élection, le film politique se transforme davantage en décryptage de la psychologie des personnages. Rythmé et haletant de bout en bout, s'éloignant quelque peu de la résolution et du happy end redouté ce film à la fois divertissant et profond que je recommande sans hésitation est aussi servi par un casting luxueux et brillant. Christian Clavier en politicien de haute moralité est absolument crédible et surprenant, tout en intelligence, finesse et sobriété. Face à lui, Clovis Cornillac, un poil déchaîné est finalement parfait en opportuniste blessé par la vie qui assume sa vulgarité. Mais il y a aussi une nouvelle révélation, Vimala Pons formidable en fille de Christian Clavier qui préfère l'amour à son confort bourgeois et Valérie Benguigui, Marilyne Canto Sami Bouajila militants impliqués et convaincants, et Marianne Denicourt, Michel Aumont, Eric Berger. Il est rare qu'un casting complet soit à ce point d'un niveau aussi élevé !

  • INDIGENES de Rachid Bouchareb ****

     

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    - « Ne les appelez pas les indigènes, mon capitaine !

    - Ben, les musulmans alors ?

    - Non, ils n’aiment pas non plus.

    - On doit les appeler comment alors ?

    - Les Hommes mon capitaine !!! ».

    Il y a toujours des scènes ou des répliques chocs dans les films. Ce film est un choc à lui tout seul. Des « africains » se sont engagés pour libérer la France, ici, Rachid Bouchareb s’intéresse aux algériens et aux marocains qui viennent pour la première fois fouler le sol de la « mère patrie », chanter « La Marseillaise » et libérer la France du nazisme. Le périple commence en Italie, se poursuit en Provence pour se terminer dans les Vosges puis en Alsace où quatre hommes résistent en attendant l’arrivée de la troupe… Quatre hommes dans la tourmente, transformés en « chair à canon » destinés à monter à l’assaut en première ligne ! Des hommes qu’on a utilisés, à qui on a menti et qu’on a oubliés.

    Vive la France !

    Rachid Bouchareb souhaite simplement que justice leur soit rendue en leur donnant une place dans les livres d’histoire, c’est peu, c’est énorme. Rendons dès à présent au moins hommage à son très très beau film, vibrant et bouleversant, qui alterne les scènes de bravoure militaire et les moments intimes. Mais ici, une fois encore, les soldats ne meurent pas dans des ralentis esthétisants et déplacés. Les hommes même s’ils sont solidaires et fraternels ne sont pas en colonie de vacances, comme parfois dans certains films, où entre deux combats, ils semblent être dans une fête entre potes. La guerre pue, les hommes crèvent de trouille, le temps s’étire, les injustices pleuvent (permissions pour les « métropolitains » et pas pour les « indigènes » par exemple…). Pratiquement deux ans à libérer un pays qui les ignorera, les rejettera, alors qu’ils se demandent parfois : « qu’est-ce qu’on fout ici mon capitaine ? ».

    Le film est beau, intense, puissant et la dernière demi-heure, beaucoup plus romanesque et spectaculaire est déchirante et bouleversante. Le tout dernier plan, douloureux et poignant vous laisse effondré dans votre fauteuil. Une fois encore, le public ne s’y trompe pas, qui ne peut manifester son adhésion qu’en applaudissant.

    Que dire des interprètes, sinon que Wong Kar Wai et son jury ne se sont pas trompés non plus à Cannes, même si Sami Bouajila me semble dominer cette interprétation sans faille. Il faut dire que son rôle est magnifique, et il est époustouflant d’énergie et d’obstination tranquilles ! De Samy Nacéri se dégage une force intérieure inouïe, une rage contenue impressionnante. Roschdy Zem, à la fois calme et tendu est une sorte de colosse tendre et fragile. Jamel Debbouze fait parler ses yeux comme jamais, prêt à tout pour être aimé et reconnu. Bernard Blancan, déchiré, à la fois brusque et humain est parfait.

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    Une histoire oubliée, voire méconnue, racontée par des acteurs impliqués, concernés, véritablement « habités »…

    faites-leur un triomphe car le film est magnifique !